Histoire de la tapisserie

Histoire de la tapisserie

 

Originaire d'Asie puis d'Afrique du nord, la tapisserie aurait été introduite en France au retour des croisades chrétiennes au proche-orient, ou peut-être dès l'époque des invasions sarrasines.
La "Tapisserie" était et est toujours communément utilisée pour des décors d'intérieur et d'ameublement.
Une tapisserie peut désigner toute réalisation textile décorative d'ameublement réalisée sur un métier (à différencier donc des papiers peints) mais aussi les œuvres réalisées à l'aiguille telles les tapisseries sur canevas, broderies sur toiles et autres ouvrages décoratifs.

Ainsi la tapisserie est souvent considérée comme un art à part entière.

"Les Vaisseaux", exceptionnelle tapisserie de Beauvais en laine et Soie. Circa 1700
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En se fondant sur la structure textile et la technique de réalisation nous suggérons de distinguer deux grandes divisions recouvrant le monde de la tapisserie.

I) La Tapisserie au Petit Point dite aussi Tapisserie au point d'aiguille.
La Tapisserie au point d'aiguille est exécutées au petit point ou au point de croix  sur un support appelé canevas. Un de ses usages les plus courant en art décoratif d'ameublement est la couverture de sièges. Depuis des siècles des artistes célèbres ont apporté leur cartons aux mains expertes d'hommes et de femmes, non moins célèbres, qui s'adonnent à ce Loisir Créatif.
C'est certainement l'utilisation la plus ancienne du fil de couleur en  décoration, qu'elle soit celle du vêtement ou de l'ameublement.
De dimensions moindres que la Tapisserie de lisse, le métier est lui aussi de bien moins grande dimension. Cela facilite son déplacement d'une pièce d'appartement à une autre et même à l'extérieur ou en voyage.
On a pu dire de la tapisserie au point qu'elle était un art  intimiste en regard de la tapisserie de lisse qui serait plus architecturale.
Le principal point commun avec la tapisserie tissée (sur métiers manuels ou mécaniques) est l'utilisation des fils de couleurs pour représenter le sujet ou la scène sur toute la surface de la tapisserie.
Bien que généralement destinée à des œuvres de moindres dimensions que la tapisserie de lisse, la tapisserie au point a permis la réalisation d'œuvres grandioses telles des cloisonnements de lits princiers, voire des tentures murales.
Toutefois la technique du point d'aiguille étant assez souvent une pratique de salon, c'est avec des ouvrages de taille plus modeste qu'elle s'est réellement épanouie.
Ainsi les dessus de sièges réalisés au petit ou gros point sont, dans tous les châteaux et musées, très largement répandus.

II) Tapisserie de Haute & Basse Lisse
Il convient encore de distinguer deux sortes de tapisseries : les tapisseries exécutées sur des métiers verticaux dit de haute lisse, déjà utilisés par les égyptien ou horizontaux dit de basse lisse (ou lice d'où le nom de licier qu'on donne à ceux qui tissent ces tapisseries).
Tandis que la différence la plus évidente entre haute-lisse et basse-lisse dépend de la position verticale de la chaîne en haute-lisse comparée à la position horizontale de la chaîne en basse-lisse, la vraie et fondamentale différence dépend du fait que la basse-lisse a des marches et la haute-lisse n'en a pas.
Cette sorte de tapisseries tissées se subdivise donc en Tapisserie des Gobelins pour celle de haute lisse et Tapisserie de Beauvais & d'Aubusson pour la Tapiserie de basse lisse.
La Tapisserie tissée est à l'origine une tapisserie de haute lisse, donc une Tapisserie des Gobelins. Elle fut pratiqué à Paris dès le XIIIe siècle. 
C'est la Haute lisse qui à fait de Paris et de la France le centre mondial de la tapisserie, tant et si bien que dans le nord et l'est de toute l'Europe tapisserie se dit Gobelin (prononcez Gabili'n).
La Tapisserie d'Aubusson, tapisserie de base lisse, d'une technique plus économique dans son exécution, aurait été implantée au XVIe siècle dans cette région par des lissiers venant d'Arras. Sa véritable dénomination était jusqu'au XIXe siècle Tapisserie Arrazo (d'Arras).
Les éléments de base d'une tapisserie sont une oeuvre d'artiste peintre, qu'on appelle carton, et des fils de couleur comme la laine et la soie.
Avant de commencer à tisser, on crée un carton, qui est l'ébauche en dimensions réelles de la tapisserie.
Le carton n'est pas à confondre avec une peinture même si il peut être peint.
L'art consiste à créer une représentation colorée à l'aide d'une  texture de fils particulière.
Celui qui effectue le travail s'appelle un lissier.
Les tapisseries tiennent leur valeur de ce qu'elles sont très laborieuses à produirent.
Une sorte d'effort artistique qui ne semble parfaitement raisonnable que pour un monarche disposant de fonds illimités, de temps et d'habiles artisans.
Des maîtres lissiers tissent alors les tapisseries en utilisant la soie, la laine, et parfois des fils d'or ou d'argent.
Mais par dessus tout vous avez besoin de patience car cela prendra à un bon lissier un jour entier pour tisser une surface d'un sujet de la taille de la main humaine.

III) Les Grandes Manufactures

1) Manufacture des Gobelins
C'est en 1443 que Jehan Gobelin s'installe comme teinturier sur les bords de la Bièvre au faubourg Saint Marcel, le long du chemin d'Italie. Sa spécialité est la teinture en écarlate obtenue grâce à la cochenille. Ses descendants se maintiendront jusqu'en 1601. L'atelier est alors revendu à des lissiers flamands : Jean de la Planche et Marc de Comans qui vont cependant continuer l'activité de teinture.
En 1662, Colbert et Louis XIV rachètent l'entreprise et lui donnent un développement considérable, on estime en effet à 250 le nombre de lissiers. L'exemple du surintendant des finances Fouquet est déterminant, c'est en effet lui qui inaugure à Maincy un atelier de lisse  fonctionnant pour son usage personnel avec une main d'oeuvre flamande. Louis XIV reprendra d'ailleurs à son service les lissiers de Fouquet qui achèveront pour leur nouveau maître les tapisseries du surintendant.
Au 18 ème siècle, le nom des Gobelins était connu dans les cours de l'Europe entière.
Le roi reconstruit l'ensemble des locaux qui nous parviennent aujourd'hui dans un remarquable état de conservation malgré les travaux d'Haussmann qui écornent la façade des Gobelins lors du percement de l'avenue du même nom dès 1859.
La Commune apporte son lot de destructions mais les bâtiments sont sauvés d'un incendie général. En 1913, l'architecte Formigé construit une galerie en façade sur l'avenue des Gobelins pour servir de musée.
Depuis quelques années l'Etat envisage enfin la restauration générale des bâtiments de travail , des logements des lissiers et du musée. C'est ainsi qu'au début de l'année 2003, l'atelier dit du Nord a été réouvert au public, présentant des métiers de haute lisse dans le cadre du XVIlème siècle conçu par le roi. Actuellement, l'atelier compte trente-cinq lissiers. La production des trois manufactures est toute entière réservée à l'Etat ou aux cadeaux diplomatiques.
La manufacture continue aujourd'hui à produire des tapisseries pour le "Mobilier national", faisant travailler des artistes contemporains. Mais comme autrefois, un ouvrier travaillant sur un métier de "haute lice" (le métier est vertical) fabrique 1 m2 de tapisserie en un an.
Les Gobelins pratiquent exclusivement la haute lisse depuis 1826, la basse lisse étant désormais réservée à la Manufacture de Beauvais.

2) Manufacture de Beauvais

La manufacture de Beauvais a été créée en 1664 par Jean-Baptiste Colbert pour concurrencer les manufactures de tapisseries des Flandres en réalisant des tapisseries de basse lisse sur des métiers à tisser horizontaux.
Contrairement à la Manufacture des Gobelins dont la production était essentiellement destinée au roi, la Manufacture de Beauvais fut à l'origine une entreprise privée qui devait trouver dans la vente de ses productions les moyens de subvenir à son existence.
 Son installation à mi-chemin entre les Flandres, haut lieu de production de tapisseries, et Paris, correspondit à la volonté politique de Colbert de couper la route à l'importation.
 La production du XVIIIème siècle marqua l'apogée de la Manufacture. La collaboration entre les peintres Oudry et Boucher concourt largement à cette éclatante réussite. Dès cette époque sont réalisées d'importantes productions de tapisseries pour sièges assorties aux motifs des tentures créant ainsi des ensembles décoratifs très homogènes. Malgré son succès auprès de la clientèle privée, la Manufacture de Beauvais dut son maintien aux commandes annuelles du Garde-Meuble royal.
 Les tissages de Beauvais étaient d'une qualité exceptionnelle, quasiment à l'équivalent des Gobelins. La manufacture était particulièrement renommée pour les garnitures de sièges.
Après son rattachement à l'administration du Mobilier national en 1935, la manufacture prend une part active au renouveau de la tapisserie qui caractérise le XXème siècle.
Les bâtiments qui l'abritaient ayant été détruits par les bombardements en 1940, les ateliers s'installèrent dans l'enclos des Gobelins. Depuis lors une partie d'entre eux a regagné Beauvais dans de nouveaux locaux inaugurés en 1989.

3) La Savonnerie
La manufacture est fondée en 1627 par Louis XIII qui l'installe sur la colline de Chaîllot dans une ancienne savonnerie transformée par Marie de Médicis en orphelinat.
C'est cette main d'oeuvre que vont utiliser deux lissiers du nom de Pierre Dupont et Simon Lourdet.
La manufacture quitte Chaillot en 1826 pour être installée aux Gobelins où elle récupère ses anciens ateliers de basse lisse.
Enfin l'atelier est installé sur deux niveaux dans le bâtiment des nouvelles manufactures en 1968. Aujourd'hui 40 lissiers oeuvrent à la Savonnerie.
Le métier à tisser de haute lisse est le même qu'aux Gobelins. Mais ici le lissier (ou Savonnier) effectue un point noué avec sa broche.
 
 3) Manufacture d'Aubusson
La manufacture d'Aubusson est connue dès le XVIe siècle et a connu un essor progressif jusqu'à son apogée sous Louis XIV. C'est son Premier Ministre Colbert, qui a élevé Aubusson au rang de Manufacture Royale en 1664. 
Comme dans d'autres manufactures, la révocation de l'édit de Nantes entraîne le départ des excellents lissiers calvinistes, provoquant la baisse de l'activité d'Aubusson.
Dans les années 1930/1940, l'art de la tapisserie est renouvelé sous l'impulsion de Jean Lurçat et du lissier François Tabard.