La peinture de Fleurs et Nature morte

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la peinture était classée hiérarchiquement par genres avec, au sommet, la peinture d’histoire et religieuse, devant les scènes de genre, les portraits, les paysages et enfin, reléguée au rang inférieur, la nature morte.
Il faudra attendre le XXe siècle pour que les historiens de l’art échappent au carcan de l’académisme.


L'expression nature morte désigne un sujet constitué d'objets inanimés (fruits, fleurs, vases, etc.) ou d'animaux morts.
Le terme n'apparaît qu'à la fin du XVIIe siècle. En Flandre c'est vers 1650, qu'apparaît le terme stilleven pour des « pièces de fruits, fleurs, poissons » ou « pièces de repas servis », ensuite adopté par les Allemands (Stilleben) et par les Anglais (still-life).
En Espagne, l'expression pour parler des natures mortes est bodegones. Elles se présentent essentiellement sous la forme de vanités à la morale catholique, tandis que l'Europe du nord, protestante, renie les sujets religieux et se consacre à la peinture bourgeoise au travers des paysages et de la nature morte.
La nature morte devient alors un outil au service des deux principales puissances religieuses du moment.
Pourtant, derrière ces messages pieux l'aspect esthétique de la peinture prend une importance primordiale, et la nature morte est l'occasion de prouver l'habileté de l'artiste.
Qu’elles soient en bouquets exubérants, simples corbeilles ou guirlandes élaborées, les compositions florales délicates si souvent représentées dans la peinture nordique révèlent une part de symbole et d’allégorie.
Elles mêlent, à l’invite d’une paisible méditation sur la vie terrestre, une célébration fervente et minutieuse de la beauté de la nature.
A cette époque, les fleurs contribuèrent à une véritable exaltation de ce style grâce à des compositions talentueuses peintes à partir d’études précises d’après nature.
Un genre pictural très répandu les présenta également tressées en guirlande autour d’un médaillon central, se détachant presque toujours sur des fonds sombres.
Tout un petit monde d’insectes le peuplant participera à cette évocation, aujourd’hui effacée et pourtant subtilement présente, rappel du caractère éphémère de la vie terrestre. Les fleurs étaient aussi rattachées à des significations précises, alternant parfois de façon contraire la signification païenne et la signification religieuse.

En France, l’expression « nature morte » apparaît au XVIIIe siècle.
Au XIXeme, Une école se spécialisera tout particulièrement dans la peinture de fleurs, à Lyon capitale du dessin floral (liée à L’industrie de la soie, son tissage et son dessin).
Grâce à des commandes substantielles de la part de Bonaparte et le rétablissement d'un décret stipulant la classe de fleurs aux Beaux-arts de Lyon, la production de soieries augmente et la demande de dessinateurs-décorateurs augmente d’autant.
En effet, l’un des buts de l’Ecole des Beaux-arts est de former des artistes dont le goût et le talent sontt essentiellement consacrés à l’industrie manufacturière des étoffes de la soie.
On prend soin de former le jeune décorateur pendant trois ans avant de pouvoir l’intégrer dans la classe de Fleur.
Des ateliers concurrents privés voient le jour très rapidement tenus par des dessinateurs renommées comme Lepage ou Reignier, Etienne Maisiat.
En outre le dessinateur, travaillant pour la Fabrique, est contraint à l’anonymat, qu’il travaille la porcelaine, le papier peint ou les soieries.
Pour stimuler les élèves, chaque année la société des Amis des Arts de Lyon (créée en 1821) organise des expositions et un concours de dessin de Fabrique où le lauréat peut espérer de nouveaux débouchés.
La peinture de fleurs continue d’être une spécialité lyonnaise par des talents remarquables, par la multiplicité des techniques et des œuvres florales.
Mais à partir de 1830, les particularismes provinciaux tendent à s’estomper, les fleuristes regardent vers Paris, où  les Expositions internationales, les Salons dont dépendent les commandent de l’Etat, Sèvres et les Gobelins, les attirent irrémédiablement

Au XXe siècle, en revanche, le choix des sujets évolue: de simples ustensiles domestiques, des fruits (non exotiques), et de façon plus générale, des objets simples de la vie courante.
Le genre a évolué, et la représentation des objets n'est plus étroitement liée à une symbolique chrétienne mais la signification de la nature morte a évolué avec celle de l'objet. Il n'est dès lors pas surprenant de retrouver les natures mortes aussi bien chez les surréalistes, que dans le pop-art où il symbolise à lui seul une « société de consommation ».
Les messages extra-picturaux de la peinture des Anciens sont supprimés, et la bougie se transforme en lampes à gaz, etc.
Ainsi la nature morte traverse tout l'art du XXe siècle, alors que ce genre est perçu par la plupart des gens comme étranger à l'art contemporain.

Les principaux représentants sont :
Frans Snyders
Pieter Boel
Jan Brueghel dit de Velours
Jan de Heem
Jacob van Es
Frans Snyders
Salomon Van Ruysdael
Zurbarán
Caravage
Louise Moillon
Jean-Baptiste Monnoyer
Jean Siméon Chardin
Alexandre-François Desportes
Jean-Baptiste Oudry
Delacroix
Manet
Cézanne