La dorure sur bois

 dorure bois feuille or

 

Depuis l'Antiquité, on recouvre d’or les objets d'art, de culte, ou précieux, afin de les rehausser. Ce métal, le seul à l'époque à avoir la particularité de ne pas s'oxyder, était un symbole d'immortalité et du divin.

On trouve ainsi des statuettes de bois, des objets en métal, en pierre, recouverts partiellement ou totalement, en général à l'aide d'une feuille d'or très mince, afin de ne pas boucher les détails du support.

Concernant le bois, il existe deux techniques principales de dorure: la dorure à l'eau et la dorure à la mixtion.

La dorure à la feuille, la plus ancienne, est toujours pratiquée, notamment pour des supports en bas-relief supportant mal d'autres procédés, comme le bois (encadrements de miroirs ou tableaux), le fer forgé, les plaques commémoratives,  mais aussi des toitures (Dôme des Invalides), sculptures et autres décors (Opéra Garnier) à Paris.

L'or étant un métal très ductile, il est possible par martelage d'obtenir des feuilles très minces (quelques micromètres) sans casser le fil du métal. Une feuille d'or est mise à plat sur un support puis attrapée à l'aide d'un pinceau large appelé « palette », sur lequel elle s'accroche en raison de l'électricité statique. La feuille d'or est alors déposée sur la surface à dorer, parfois préparée à l'aide de blanc d'œuf pour assurer l'adhésion. Un lustrage assure l'aspect final. Dans la dorure à la française, le polissage est réalisé à l'aide d'une pierre d'agate ayant la forme d'une dent de loup qui servait au XVIIIe siècle pour cette opération.

 

feuille d or

 

A-     La technique de la dorure sur bois :

La préparation des apprêts :

Tout d’abord, il faut préparer le bois à recevoir l’or.

En effet, le bois est l’un des matériaux organiques qui réagit le plus aux variations hygroscopiques : il augmente de volume lorsque l’air environnant devient humide, ou se rétracte en présence d’air sec.

Il possède également la particularité d’avoir un veinage plus ou moins prononcé selon l’essence. Une feuille d’or directement posée sur le bois nu, mettrait en évidence ce veinage, ce qui gênerait considérablement la compréhension des volumes et irait à l’encontre du but recherché : imiter l’or massif.

Les anciens ont donc élaboré un enduit intermédiaire qui s’applique entre le bois et la feuille d’or, masque l’aspect de la surface, et suit les variations dues à l’humidité. Cet enduit-tampon se compose d’une charge minérale (de la craie finement broyée), d’un liant (de la colle de peau de lapin) et d’un solvant (de l’eau). Depuis le XVIe siècle, la colle de peau de lapin s’est substituée à la colle de peau de mouton.

Cet enduit, que l’on appelle « apprêt » depuis le Moyen-Age, est appliqué à 60°C en 10 à 12 couches épaisses.  Sa surface est ensuite lissée, poncée (avec de la prêle ou du papier de verre très fin), puis recouverte de deux couches très légères d’ « assiette », appelée aussi « bol d’Arménie » : il s’agit d’une argile kaolinique, composée de terre et d'oxyde de fer, de coloration sanguine orangée qui facilite le brunissage de l’or.

Une fois la pose de l’assiette terminée, le doreur polit la surface assiettée afin que des petits grains restant ne rayent les feuilles d’or. Traditionnellement, cette opération était effectuée à l'aide d'une peau de chien de mer, (qui est aujourd'hui protégé), d’où le nom de cette étape « le chiennage ».

Puis vient l’application des feuilles d’or, qui est très délicate. En effet, vu leur fragilité, elles ne peuvent être touchées à la main et sont posées en vrac sur un coussin. Pour les déplacer, le doreur utilise le plat d'un couteau à dorer pour les positionner l'une après l'autre sur l'avant du coussin, puis il souffle dessus pour les aplatir, c’est le « jonflage ».

 Une fois le support sec, le doreur procède alors au brunissage. Cette étape consiste en l'écrasement de l'or avec une pierre d'agate pour le rendre brillant. Elle permet un contraste avec les parties restées mates. Le brunissage ne peut avoir lieu que sur une dorure à l'eau.

 Si l’or adhère mal et se détache, le doreur comble chaque espace vide à l’aide de petits morceaux de feuilles, c’est le « ramendage ».

 Puis le « matage » vient protéger et conserver l’or ; on applique de la colle de peau de lapin très diluée.

 La patine fait la finition.

 

agate dorure

 

B-      Deux méthodes de dorure sur bois :

 

1)      La dorure à l’eau

La dorure à l'eau ou à la détrempe est le procédé traditionnellement utilisé sur le bois.

On peut appliquer des feuilles d'or, d'argent, de cuivre, de palladium, etc.

Les feuilles d’or sont appliquées à l’eau sur l’assiette, dont la colle, au contact du liquide, se régénère. Elles peuvent être ensuite recouvertes d’une légère couche de colle de peau (très diluée dans de l’eau) : le matage. La colle traverse les feuilles poreuses et s’accroche sur l’enduit. L’or qui est pris en « sandwich » devient mat et résiste mieux à l’érosion. Les brillances sont obtenues par écrasement à la pierre d’agate.

Le doreur met quelquefois à profit l’épaisseur de l’apprêt pour exécuter des gravures ou fixer des pierreries.

Cette dorure est la seule qui était utilisée pour tous objets en bois dorés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. La suppression des règles corporatives eut la conséquence d’autoriser des dorures mixtes sur un même objet : à la mixtion pour les parties mates, à l’eau pour les parties brillantes.

 

2)      La dorure à mixtion

Le procédé à la mixtion (huile de lin siccativée,…) est plus facile et plus rapide que la dorure précédente. Cette technique bon marché n’offre pas la même qualité de contrastes mats et brillants que la dorure à l’eau ; le film d’huile empâte légèrement les volumes.

Une nouvelle mixtion a vu le jour depuis les années 1970 : la mixtion à l’eau (résine vinylique en émulsion dans l’eau). Elle est encore plus facile à travailler mais procure un film plus épais que la mixtion à l’huile, ce qui rend la surface métallique moins nette.